mercredi 5 février 2014

La masturbation : une voie spirituelle?



Un titre un peu provoc, mais dans le cadre d’une vision énergétique de l’activité sexuelle, et de pratique du chi kung, et de ce qui a été appelé quelque part le ‘Kung Fu séminal’ cela peut se comprendre et c’est l’objet du présent article.
Dans le travail taoïste (ou hindou ou autres) sur l'énergie sexuelle, la pratique solo est basique, dans la mesure ou celle-ci est (avant d'être un échange d'énergie physique, émotionnelle, spirituelle avec une autre personne) un rapport à soi-même largement conditionné par l'état du système individuel d'énergie (présence ou non de blocages, ouvertures plus ou moins effective des chakras et des canaux ou méridiens énergétiques, etc.)
Elle permet donc d'amorcer le travail (je parle surtout pour un homme, par expérience personnelle, évidemment mais, malgré des différences, le travail féminin possède de grandes similitudes) de canalisation du Jing vers le haut.
Ce travail, nommé ‘grande aspiration’ (le lien avec la fonction respiratoire est évoqué dans cette appellation), commence tout d'abord à froid (donc de façon non masturbatoire), et ensuite en stimulant l'énergie par des massages physiques de façon à la réchauffer, en augmenter donc la pression et ainsi la rendre plus explosive, telle qu'elle sera lorsqu'un ou une partenaire viendra en interaction avec.


Dépendances


Le danger de la pratique solo est de trop s'y attacher et de s'en servir comme d'un moyen pour éviter des relations véritables (quelques soient les raisons invoquées et qui peuvent nous sembler parfaitement légitimes, comme par exemple de préserver des relations de couple). Cela ferait du travail solitaire une technique de fuite, et en ferait de fait un prolongement des systèmes de défense. Car on ne doit pas oublier que la sexualité exotérique est souvent une échappatoire aux tensions, et donc en réalité c’est une technique énergétique d’évitement de notre monde émotionnel, lequel doit, dans une démarche spirituelle, être affronté, du moins conscientisé (c’est une bonne part de ce qu’on nomme le travail sur les ‘mémoires cellulaires’, et que j’appelle ‘engrammes’).
Un autre danger est de relier la réaction énergétique avec le plan mental (culture des fantasmes sexuels), et de générer une ‘sexualité de Pavlov’, en créant des réflexes conditionnés étranglant l'énergie, et la maintenant dans un mode de fonctionnement sous dépendance du mental, et ne permettant pas d'accéder à une ouverture spirituelle...
C'est sur ce tableau que la pornographie joue : la dépendance à des images. Il s'agit dans ce cas d'une intoxication psycho-physiologique, qui tend à mécaniser la réponse sexuelle.
Le porno détruit des couples et des familles lorsqu'il est utilisé de façon compulsive, ainsi. Je le sais pour en avoir constaté et suivi bien des cas dans le cadre de relations d’aide à des personnes souffrant de cette addiction particulière.
Plus généralement la dépendance affective, à des produits toxiques comme l'alcool, le tabac ou d'autres drogues, le sucre, la viande, et autres excitants, à des comportements incontrôlés divers (jeux vidéos, porno, fréquentation "d'escort", utilisation de Skype de façon à partager des jeux sexuels à distance, etc.) sont souvent le symptôme (dans la mesure de l’irrépressibilité du comportement) d'une coupure d'avec sa propre essence, ce qui crée le fait qu'on recherche son bonheur à l'extérieur dans des dépendances, au lieu de le trouver en soi, ce qui serait autrement plus satisfaisant...
La lutte contre toutes sortes de dépendances (y compris sexuelles donc) fait partie de la 'recherche de l'éveil' et de l'autonomie spirituelle (c’est disons la première partie du travail, comme de s’extirper de la gadoue, mais ensuite il faut procéder à un nettoyage !)
L’autonomie spirituelle, que j’appelle aussi autoréférence est seule garantie réellement satisfaisante de bonheur...
Les dépendances sont donc les symptômes de cette maladie spirituelle très répandue, et qui touche l’immense majorité des gens : le manque de « connexion à sa propre Source ». (Métaphore pour désigner une bonne harmonie intérieure, et le fait de générer du plaisir en soi, de par une pratique spirituelle -qu'elle soit consciente et voulue, retrouvée, travaillée, ou spontanée involontaire et naturelle-).



Rôle du mental et des fantasmes


Il me semble que, comme dans la pratique de la méditation, le mental n'est pas réellement nécessaire à l'échange dans le cadre d'une relation 'tantrique'.
Il existe des personnes qui ont besoin de scénarios bien précis par exemple pour 'prendre leur pied', c'est leur droit, mais je me demande en quoi des réactions aussi stéréotypées, maintenant l'attention au niveau de l'ego et ses attachements à des situations bien particulières, peut permettre d'accéder à une quelconque extase ? Je n’affirmerai rien n’ayant aucune expérience dans le domaine du SM !
Bien sûr c'est difficile de prétendre que le mental est totalement absent de toute pratique sexuelle (surtout si elle se passe en solo, où quasi inévitablement la part donnée à l’imaginaire est grande). On peut se dire avec raison que, dans la mesure où le cerveau traite les images qu'il a en face lui (réelles ou virtuelles, le corps ne fait aucune différence), on projette presque irrésistiblement ses propres interprétations et idéalisations.


Travail sur l’énergie ‘Orgasmique’


On n'apprend pas la ‘poussée orgasmique’ qui est un phénomène involontaire, de nature énergétique donc structurelle, mais on apprend à la canaliser différemment, la diriger vers l'intérieur au lieu de l'expulser vers le partenaire ou dans le vide s'il n'y a personne.
Ayant appris à ne pas expulser l'énergie, on se retrouve dans la situation d'avoir un désir quasi illimité, qui ne faiblit jamais puisque le désir n'est en réalité que la conscience, la conservation et l'action du Jing.
On peut donc dire que la solution à la lassitude sexuelle pour les couples de longue durée, se trouve dans cette économie et gestion de l’énergie-désir. Le corollaire à cette solution est que le désir ainsi entretenu, peut ne pas se limiter aux frontières étroites du couple, ce qui peut nous amener à travailler sur la notion de possession et ses jalousies, peurs et manipulations !
Il faut savoir ce qu’on veut, on ne peut grandir en conscience sans faire exploser certaines limitations. Je ne prône pas l’échangisme ou la multiplication des partenaires, car l’agrandissement de conscience mène en général à une désexualisation de l’amour. Plus on aime tout le monde, plus on se rend compte que cet amour ne peut pas s’exprimer de manière physique, c’est évident.
La compassion n’attend rien en échange et surtout pas des gratifications sexuelles. Cependant nous ne sommes pas de purs esprits et donc les attirances peuvent demeurer vives à l’étage au dessous, et donc demander à être gérées avec souplesse, volonté, et sans attachements exagérés.

Échanges d’énergie entre partenaires  

En ce qui concerne l'échange des énergies, il y a deux niveaux : 
  • le niveau grossier, génital, ou l’orgasme consiste à expulser de soi les énergies et non les contrôler pour en partager l’essence vibratoire. Il ne s’agit pas ici d’échange, car chacun évacue sa propre tension, sans profiter réellement des énergies subtiles de l’autre.
  • Le niveau subtil, vibratoire, ou l’échange ne se fait pas sur un vidage émotionnel, ou des glandes, donc d’une grande quantité d’énergie physique, mais dans l’interaction entres des vibrations, sans se démettre de son Jing.


Si dans une relation un des deux se trouve dans une recherche de plaisir physique et d'orgasme génital (niveau ‘grossier’), et que l'autre redirige ses énergies vers l'intérieur, il y a un déséquilibre, et cela ne fonctionne pas.
La réponse à ce hiatus peut être de deux sortes :

  • Naturel : l'amour entre les partenaires est dans ce cas le facteur indispensable et harmonisateur (surtout pour des non initiés) qui permet l'abandon à un espace de ‘non moi’ (et non à une recherche de pure génitalité vécue comme affirmation de l'ego -phénomènes de soumission et de pouvoir, d'utilisation du sexe en tant que domination et manipulation de l'autre).
  • Volontaire : la pratique de la maîtrise énergétique, dans le chi kung ou d’autres méthodes, permet aux pratiquants d'échanger à un niveau de profondeur ou de maîtrise énergétique plus ou moins équivalent, qui rend l'échange plus harmonieux.


Conclusion


Dans tous les cas, sans lâcher prise (donc perte de l'intérêt à son propre désir dans son aspect égotique -disons au moins son aspect purement physique-, perte de toute peur, perte des frontières de son 'être séparé'), on ne peut pas parler vraiment de ‘sexualité sacrée’...
Il n’est jamais trop tard pour (re)découvrir le génie des organes ‘génitaux’ ! 

(Photo : sculpture d’un temple de l’Amour de Khajuraho Inde.)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Khajur%C3%A2ho



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